
L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) ou “intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires” est une neurothérapie en 1987 par la psychologue californienne Francine Shapiro. Celle-ci a découvert l’EMDR alors qu’elle se promenait dans un parc en ruminant des idées noires. Elle s’est rendu compte que lorsque ses yeux se déplaçaient rapidement de gauche à droite, la charge émotive de ses pensées diminuait. Elle a par la suite appliqué sa découverte dans ses interventions psychothérapeutiques.
La technique de l’IMO (intégration par les mouvements oculaires) a été créée en 1989 par Connirae et Steve Andreas, de Boulder, au Colorado. La docteure en psychologie québécoise Danie Beaulieu a par la suite développé et affiné la technique.
Sur quoi repose l’IMO ? Ce traitement se fonde sur les principes de la programmation neurolinguistique (PNL). Selon cette approche, la direction du regard indique le type d’information auquel le cerveau est en train d’accéder. Par exemple, une personne qui regarde en haut a souvent accès à un souvenir visuel ; celle qui regarde à droite ou à gauche, à un contenu auditif ; celle qui regarde en bas, à des ressentis. À partir de ce principe, Connirae et Steve Andreas ont posé la question suivante : si on oblige un client, lorsqu’il est en contact avec un souvenir traumatique, à regarder dans différentes directions, pourra-t-on forcer le cerveau à accéder à de nouvelles informations sensorielles auxquelles le client ne peut accéder consciemment ? La réponse est oui, assurément.
Ces deux techniques sont très ressemblantes et permettent d’obtenir des résultats formidables.
Cette approche thérapeutique des mouvements oculaires est considérée aujourd’hui comme le traitement de référence de l’état de stress post-traumatique par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’American Psychological Association et l’American Psychiatric Association et la Haute Autorité de Santé en France.
Après une trentaine d’années d’existence, la thérapie par les mouvements oculaires a étendu son champ d’intervention à d’autres troubles comme les troubles anxieux (trouble panique, phobies diverses, etc), les troubles de l’humeur (dépression), les difficultés liées à un deuil, les troubles de la personnalité, les troubles liés à la douleur ou la somatisation, et les problématiques en lien avec l’estime de soi.
Cette approche part du principe que les symptômes et problématiques qu’une personne présente dans sa vie actuelle sont le résultat d’expériences de vie douloureuses ou traumatiques stockées dans le cerveau de manière dysfonctionnelle, c’est-à-dire en mémoire implicite.
Comment est-ce que cela fonctionne ?
Face à une nouvelle expérience, le cerveau « classe » l’information pour n’en retenir que ce qui est nécessaire à la réalisation d’un apprentissage. Pour cela, l’information est stockée et associée avec l’état émotionnel qu’elle a provoqué afin de devenir accessible à la personne dans le futur.
Par exemple, la première fois qu’un enfant approche son doigt d’une flamme, son cerveau traite l’information et lie l’image de la flamme à la sensation de douleur et l’associe à la perception de danger. Ces informations seront stockées ensemble dans le cerveau et cette expérience permettra à l’enfant d’apprendre à se méfier des flammes à l’avenir.
Dans le cas d’un trauma ou d’une expérience douloureuse non résolue, le cerveau est incapable de réaliser l’intégration en mémoire entre l’expérience, les émotions associées et les autres informations adaptatives. De fait, l’expérience traumatique reste figée dans le temps, et demeure associée à une émotion, une sensation physique ou une croyance à propos de soi sources de souffrance. Le cerveau se comporte alors comme un disque rayé, répétant sans cesse un ou plusieurs fragments de l’expérience, d’où les cauchemars, images et/ou pensées intrusives, émotions/sensations douloureuses et croyances négatives à propos de soi (« Je ne vaux rien », « je suis en danger », « je ne suis pas digne d’être aimé », etc). En l’absence d’un processus intégratif, aucun apprentissage n’est réalisé et l’expérience reste irrésolue.
Prenons l’exemple d’une personne victime d’un accident de la route traumatique. Cette expérience pourra être conservée dans son cerveau sous une forme fragmentée : le crissement des pneus (sons), le visage des victimes ou des blessures (images), l’effroi ressenti (émotion), la croyance d’être dans une situation de danger de mort seront autant d’informations que le cerveau de la victime aura de la difficulté à intégrer. Le souvenir ne pourra pas être associé à des informations adaptatives comme une croyance positive (comme : “c’est terminé maintenant je suis en sécurité”) et une émotion de calme, par exemple. Il est alors fort probable que la personne réagisse en ayant des cauchemars, en évitant les lieux de l’accident, en éprouvant de la peur face à un véhicule du même type que celui avec lequel il y a eu la collision et en ayant des images perturbantes de la scène qui lui viennent spontanément à l’esprit. Le passé traumatique s’invite alors dans le présent et hante la personne.
Le travail par les mouvements oculaires permet de retraiter cette expérience traumatique en activant le système inné de traitement de l’information. Lors de la séance, le cerveau de la personne produit spontanément des liens entre les fragments d’information traumatique (les bruits, les images, les croyances, les émotions) et les informations issues des réseaux de mémoire adaptatifs (des souvenirs d’expérience où la personne a fait face à un danger de façon plus appropriée, par exemple).

Questions fréquentes :
A quoi servent les mouvements oculaires ?
Plusieurs recherches montrent que les mouvements oculaires:
- réduisent l’intensité des émotions et des images liées au souvenir placé dans le champ de conscience;
- augmentent les associations mentales liées au souvenir travaillé;
- diminuent l’activation du système nerveux sympathique et apaisent la personne;
- améliorent la capacité à prendre de la distance et à observer;
- réduisent l’évitement mental à la perturbation lié au souvenir traumatique en saturant la mémoire de travail tout en diminuant les émotions liées au souvenir;
- activent le système parasympathique (le frein de l’organisme) et la réponse d’orientation.
Comment se déroule une séance de traitement par les mouvements oculaires ?
Lors d’une séance, je vous pose quelques questions précises sur l’événement ou la problématique à travailler pour activer le réseau de mémoire traumatique puis nous commençons des séries de mouvements oculaires/tapping alternatif. Pendant ce temps, vous êtes invité à observer ce qui se passe spontanément en vous :
- Les images qui défilent,
- Les pensées,
- Les prises de conscience qui émergent,
- Les souvenirs antérieurs ou postérieurs à l’événement qui viennent à la conscience,
- Les émotions,
- Les associations diverses.
La séance alterne entre des séries de mouvements oculaires et des pauses jusqu’à l’intégration complète du souvenir. Lors des pauses, vous décrivez ce que vous avez observé puis vous êtes invité, lors de la série suivante, à continuer à noter ce qui vous vient spontanément. Aucun effort particulier, aucune compétence spécifique n’est nécessaire de votre part.
Quelle est la durée d’un traitement par les mouvements oculaires ?
Un traitement peut prendre d’une à plusieurs séances, selon la complexité des problématiques à traiter. Il est impossible de répondre à cette question dans l’absolu car tout dépend de l’intensité des émotions que vous avez vécues.
Je n’ai pas vraiment de gros traumatisme mais je voudrais faire une thérapie car je suis bloqué (e) dans des schémas répétitifs. Puis-je bénéficier d’une thérapie par les mouvements oculaires ?
Oui. Certains événements de la vie, même s’ils ne sont pas considérés comme traumatisants, peuvent laisser des blessures psychologiques. Par exemple, une parole blessante prononcée à l’école par un camarade peut avoir induit un sentiment d’humiliation qui a été renforcé par d’autres événements douloureux et irrésolus (non intégrés) plus tard dans la vie (exemple : rupture amoureuse, perte d’emploi, conflits, etc). Le traitement consistera alors en l’identification puis le retraitement nécessaire à l’intégration de la chaîne des souvenirs liés au sentiment d’humiliation qui vous incite à reproduire le même schéma ou à nouer des relations non appropriées.
Combien de temps dure une séance de traitement par les mouvements oculaires ?
La séance dure entre 20 minutes et 1h.
Vais-je être inconscient(e) ou hypnotisé (e ) ?
Pas du tout. Durant toute la durée de la séance vous demeurez parfaitement conscient (e).
Est-ce qu’une seule séance est suffisante pour en terminer avec un traumatisme très grave (viol, agression, catastrophe naturelle, etc)?
Non. Souvent plusieurs séances sont consacrées au retraitement d’un seul souvenir très douloureux, car la charge émotionnelle associée est très forte. Il n’est pas rare de consacrer deux à quatre séances sur un grave traumatisme.
J’ai peur de ce qui pourrait se passer en thérapie car j’ai une lourde histoire traumatique. Comment faire ?
Si vous prenez rendez-vous avec moi parlez-moi le plus tôt possible de vos craintes.
Sur le plan du traitement lui-même, la question du rythme est importante. Nous irons à votre rythme. Certaines personnes peuvent débuter rapidement le traitement par les mouvements oculaires, alors que d’autres auront besoin de plus de préparation.
Il est de mon devoir d’adapter, avec souplesse et compréhension, le rythme du travail thérapeutique à vos besoins.
Peut-on «rater» ses séances de traitement par les mouvements oculaires ou ne pas être doué(e) pour cette approche?
Non et pour une raison très simple : vous n’avez rien de spécial à faire. Vous n’avez qu’à observer ce qui émerge spontanément (images, idées, souvenirs, prises de conscience, sensations corporelles, émotions, etc.).
Y a t-il des effets secondaires ?
Oui, assez régulièrement. Le plus souvent, vous pouvez ressentir une fatigue pendant et/ou après la séance. Quelques personnes rapportent également de brefs maux de tête. C’est un élément à prendre en considération si vous avez des échéances importantes (examens, entrevues professionnelles) qui nécessitent de différer la réalisation d’une séance de thérapie par les mouvements oculaires. Ces effets secondaires se résorbent en général très vite.
Il est possible également que le travail de retraitement se poursuive entre les séances et puisse alors augmenter provisoirement certaines émotions en lien avec le souvenir travaillé. Parfois, d’autres souvenirs douloureux émergent. Toutefois, une ou plusieurs techniques de régulation émotionnelle vous seront enseignées pour y faire face en dehors des rencontres.
Peut-on faire une séance de thérapie par les mouvements oculaires pour « essayer » dès la première rencontre ?
Non. La thérapie par les mouvements oculaires nécessite au préalable une évaluation psychologique de la problématique qui vous amène à consulter. Evaluation psychologique, développement de la relation thérapeutique, préparation à la thérapie EMDR-IMO et établissement d’un plan de traitement en fonction de vos objectifs sont toutes des étapes préalables à l’intervention à proprement parler. Généralement, je consacre au minimum d’une à trois séances à ces fins, plus si le malaise est indéterminé et qu’aucun souvenir n’est réellement présent.
1 réflexion sur « Qu’est-ce que la thérapie par les mouvements oculaires : EMDR , IMO? »